Parler du syndrome d’Ehlers-Danlos, c’est souvent évoquer les entorses à répétition, les douleurs chroniques, la fatigue écrasante. Mais il y a d’autres réalités, plus silencieuses encore, plus invisibles… comme ces moments où mon corps ne sait plus comment gérer la température.
Quand ton propre corps devient un étranger
Il m’arrive parfois d’avoir si froid que mes doigts deviennent bleus, même en plein été. D’autres fois, une simple journée un peu chaude me cloue au lit, trempée de sueur, incapable de faire baisser la température de mon propre corps. C’est comme si mon thermostat interne avait cassé sans prévenir.
Ce n’est pas “juste” avoir chaud ou froid. C’est une véritable défaillance, un bug du système nerveux autonome – celui qui est censé, justement, faire son boulot sans qu’on ait besoin d’y penser. Quand on vit avec un SED, ce système est souvent aussi fragile que le reste de notre corps.
Ce que les autres ne voient pas
À l’extérieur, on ne voit rien. Peut-être mes joues un peu rouges. Peut-être mes mains tremblantes. Mais la lutte est intérieure : lutter contre les frissons, contre les étourdissements, contre cette sensation de fondre ou de geler de l’intérieur.
Parfois, on me dit : “Mais il ne fait pas si chaud pourtant” ou “Allez, couvre-toi moins, il fait doux !” Et je souris. Je souris parce que je sais qu’expliquer ce qui se passe serait long, et que souvent, les gens n’ont pas vraiment envie d’entendre.
Mes petites astuces de survie
Alors, j’ai appris à m’adapter. J’ai toujours un pull léger dans mon sac, même en juillet. Je sais où sont les endroits climatisés et je prévois une casquette et de l’eau glacée à portée de main. J’ai découvert les brumisateurs, les écharpes chauffantes, les vêtements techniques qui respirent mieux que moi certains jours.
Et surtout, j’ai appris à écouter ce que mon corps essaie de me dire, même quand ce n’est pas pratique, même quand ça dérange mes plans.
En parler, parce que c’est important
Si j’écris tout ça aujourd’hui, c’est pour briser un peu ce silence autour du syndrome d’Ehlers-Danlos et de toutes ces réalités invisibles qu’il impose.
Parce que non, ce n’est pas “dans ma tête”. Non, je ne fais pas “exprès”.
Et oui, parfois, j’aurai besoin de m’asseoir, de boire un litre d’eau glacée ou de mettre une veste alors que tout le monde est en débardeur.
Ce n’est pas de la faiblesse.
C’est mon quotidien.
C’est apprendre à vivre avec un corps capricieux, imprévisible, mais qui, malgré tout, continue d’avancer.