Le Syndrome d’Ehlers-Danlos : Comprendre ses différents types
Le syndrome d’Ehlers-Danlos (SED) désigne un groupe hétérogène de maladies génétiques rares du tissu conjonctif, qui affectent principalement la peau, les articulations et les vaisseaux sanguins. Ces syndromes sont dus à des anomalies dans la production ou la structure du collagène, protéine essentielle au maintien de l’élasticité et de la solidité des tissus.
Il existe 13 types reconnus de SED (classification 2017 de l’International EDS Consortium), chacun avec ses propres caractéristiques cliniques, son mode de transmission et les gènes impliqués.
Caractéristiques communes à tous les SED
Bien que chaque type ait des manifestations spécifiques, la plupart des personnes atteintes présentent :
Une hyperlaxité articulaire (mobilité excessive des articulations)
Une fragilité cutanée (peau fine, douce, extensible, cicatrisation anormale)
Une fragilité tissulaire (risques de rupture d’organes ou de vaisseaux)
Des douleurs chroniques et de la fatigue
Les principaux types de SED et leurs différences
1. SED classique (cEDS)
Symptômes majeurs :
Hyperélasticité cutanée
Cicatrices atrophiques (fines, déprimées)
Hyperlaxité articulaire généralisée
Complications :
Luxations, entorses fréquentes
Hernies, prolapsus
Gènes impliqués : COL5A1, COL5A2
Transmission : Autosomique dominante
2. SED hypermobile (hEDS)
Symptômes majeurs :
Hyperlaxité articulaire importante, douleurs chroniques
Peu ou pas d’anomalies cutanées visibles
Particularités :
Le seul type sans test génétique identifié à ce jour
Très variable : peut être invalidant ou léger
Diagnostic : Basé uniquement sur des critères cliniques
Transmission : Probablement autosomique dominante
3. SED vasculaire (vEDS)
Symptômes majeurs :
Peau translucide et fine, visage particulier (nez fin, lèvres fines)
Fragilité vasculaire : risque de rupture artérielle ou d’organe (intestin, utérus)
Complications graves :
Ruptures artérielles ou organiques spontanées
Mort subite, parfois dès la trentaine
Gène impliqué : COL3A1
Transmission : Autosomique dominante
4. SED cyphoscoliotique (kEDS)
Symptômes majeurs :
Hypotonie musculaire dès la naissance
Cyphoscoliose (courbure de la colonne) progressive
Fragilité oculaire
Gènes impliqués : PLOD1 ou FKBP14
Transmission : Autosomique récessive
5. SED arthrochalasis (aEDS)
Symptômes majeurs :
Luxations congénitales des hanches
Hyperlaxité articulaire extrême
Fragilité cutanée et ecchymoses
Gènes impliqués : COL1A1, COL1A2
Transmission : Autosomique dominante
6. SED dermatosparaxis (dEDS)
Symptômes majeurs :
Peau très fragile, ridée à la naissance
Cicatrisation difficile, hernies
Gène impliqué : ADAMTS2
Transmission : Autosomique récessive
7. SED musculocontractural (mcEDS)
Symptômes majeurs :
Malformations congénitales (pieds bots, contractures)
Fragilité cutanée et tissulaire
Hernies fréquentes
Gènes impliqués : CHST14, DSE
Transmission : Autosomique récessive
8. SED myopathique (mEDS)
Symptômes majeurs :
Faiblesse musculaire à la naissance
Déformations articulaires congénitales
Hyperlaxité articulaire
Gène impliqué : COL12A1
Transmission : Dominante ou récessive
9. SED spondylodysplasique (spEDS)
Symptômes majeurs :
Petite taille
Retard de développement
Fragilité cutanée et laxité articulaire
Gènes impliqués : B4GALT7, B3GALT6, SLC39A13
Transmission : Autosomique récessive
10. SED avec fragilité cardiaque-valvulaire (cvEDS)
Symptômes majeurs :
Prolapsus valvulaire cardiaque, insuffisance valvulaire sévère
Hyperlaxité articulaire et peau fine
Gène impliqué : COL1A2
Transmission : Autosomique récessive
11. SED classique de type 2 (clEDS2)
Variante génétique très proche du SED classique
Gène impliqué : AEBP1
Transmission : Autosomique récessive
12. SED réticulo-prolifératif (rare)
Associé à des anomalies du développement des organes
Gènes et mécanismes encore mal connus
13. SED inconnu ou atypique
Cas cliniques ne correspondant à aucun type actuel
En cours d’étude pour éventuellement être classés dans de nouveaux sous-types
Tableau comparatif synthétique
Type de SED | Symptômes principaux | Gène(s) impliqué(s) | Transmission |
---|---|---|---|
Classique | Peau élastique, cicatrices | COL5A1, COL5A2 | Dominante |
Hypermobile | Hyperlaxité, douleurs | Inconnu | Probablement dominante |
Vasculaire | Ruptures artérielles, peau fine | COL3A1 | Dominante |
Cyphoscoliotique | Cyphose, hypotonie | PLOD1, FKBP14 | Récessive |
Arthrochalasis | Luxations congénitales | COL1A1, COL1A2 | Dominante |
Dermatosparaxis | Peau extrêmement fragile | ADAMTS2 | Récessive |
Musculocontractural | Contractures, hernies | CHST14, DSE | Récessive |
Myopathique | Faiblesse musculaire | COL12A1 | Dominante/Récessive |
Spondylodysplasique | Petite taille, fragilité | B4GALT7, B3GALT6 | Récessive |
Cardio-valvulaire | Valves cardiaques | COL1A2 | Récessive |
Diagnostic et prise en charge
Le diagnostic repose sur :
L’examen clinique approfondi
L’analyse génétique (sauf pour le type hypermobile)
Des examens complémentaires (imagerie, ECG, etc.)
La prise en charge est multidisciplinaire : rhumatologues, généticiens, kinésithérapeutes, psychologues, chirurgiens, etc. Il n’existe pas de traitement curatif, mais des soins symptomatiques peuvent améliorer la qualité de vie (rééducation, orthèses, gestion de la douleur, surveillance cardiovasculaire…).
Conclusion
Le syndrome d’Ehlers-Danlos est une maladie complexe, souvent méconnue, avec des conséquences physiques et psychologiques importantes. La diversité de ses formes rend son diagnostic difficile, mais une meilleure connaissance des différents types permet une prise en charge plus adaptée et précoce.
S